Zoom sur : la trêve de Noël 1914

Ah, la trêve de Noël 1914 !

En voilà, une belle histoire ! Remettons la chose en scène : c’est la nuit de Noël 1914, les soldats sont au front depuis des mois, ils sont fatigués, loin de chez eux, il fait froid et il neige… tout ce qu’il faut pour qu’ils se laissent à laisser à penser à leur foyer. Et puis soudain, l’impossible se produit : des chants montent depuis les lignes d’un camp, on lui répond de l’autre, et timidement, des soldats s’avancent dans le no man’s land pour aller fraterniser. Matchs de foot, messes communes, échanges de cadeaux, de nourriture et d’objets divers…

Il n’en fallait pas plus pour en faire une formidable histoire de Noël.

Reprise aujourd’hui dans quantités d’œuvres, voire de spots publicitaires comme celui ci-dessous qui a engendré moult débats au Royaume-Uni sur le thème « peut-on faire de la publicité autour d’une histoire de guerre, fut-elle une anecdote de paix ? » , cette histoire est devenue dans l’imaginaire collectif l’illustration du Noël 1914.

Sauf que l’affaire est plus compliquée !

Car ces trêves sont restées extrêmement rares sur le front. La Grande-Bretagne en chérit d’autant plus le souvenir que c’est principalement autour d’Ypres, où son corps expéditionnaire était engagé, que ces trêves ont eu lieu. Des troupes françaises y ont participé elles aussi, et sur le front Est, on a trace de trêves identiques entre forces des Empires Centraux et Russes.

Mais pour le reste du front : Noël ou non, c’est la guerre.

Dans ALVALG, les lecteurs attentifs (et vous l’êtes !) ont pu constater que le Noël du Britannique Neville Bowers n’a ressemblé en rien à celui du Français Antoine Drouot. Car si certains sont engagés dans des combats et coups de main ce jour-là, parfois d’une violence rare comme pour le 24e d’infanterie, d’autres même sans être directement engagés avec l’ennemi refusent catégoriquement de fraterniser. Et des soldats trouvent la mort, abattus en sortant de leurs tranchées car persuadés que l’ennemi accepterait une trêve. Ainsi, les troupes belges n’acceptent rien des Allemands : leur pays est occupé, des massacres de civils ont eu lieu, et pour eux, il n’y aura pas de répit.

Quant aux généraux des deux camps, pour eux, cette trêve de Noël n’est pas une bénédiction : c’est une catastrophe ! Pensez-donc, des soldats qui fraternisent avec l’ennemi… il ne faudrait pas que cela se sache ! On remet donc les unités au pas, on censure toute évocation de ces événements et on détruit les photographies qui témoignent de ce moment. Car dans certains secteurs, la trêve a créé des liens, et les soldats pendant près d’une semaine s’avertissent mutuellement des bombardements, se rencontrent à nouveau… on craint en haut-lieu que cela ne crée des mutineries !

Les trêves sont rapidement matées et dès le début du mois de janvier 1915, les troupes sont à nouveau prêtes au combat.

Pourtant, une photographie va échapper à la destruction et parvenir jusqu’en Grande-Bretagne, où elle fera la une du Daily Mirror du 5 janvier 1915.

Christmas_Truce_1914_Daily_Mirror

D’autres trêves eurent lieu plus tard dans la guerre, à différentes occasions et différentes échelles… mais ça, c’est une autre histoire !

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