Zoom sur : la terreur Zeppelin

Si le « zeppelin » est aujourd’hui le nom par lequel on désigne la plupart des dirigeables, il n’en a pas toujours été ainsi.

Au début de la Première Guerre mondiale, et comme nous l’avons vu dans le zoom de la semaine dernière, le ballon captif sert d’appareil d’observations aux armées. Si cet aéronef est bien connu, un autre, plus récent, a fait son apparition à la fin du XIXe siècle : le ballon dirigeable, qui comme son nom l’indique, peut se déplacer selon les souhaits de son équipage. Mais cela reste un appareil fragile et relativement expérimental.

Jusqu’à ce qu’un certain comte Ferdinand von Zeppelin travaille en Allemagne à une amélioration de ce concept : un dirigeable rigide. Avec une structure métallique, des nacelles fixées à l’armature et non plus fixées sous le ballon, et donc un ensemble plus résistant. Les débuts du zeppelin sont difficiles, puisque les premiers prototypes connaissent un grand nombre de pannes, d’accidents, d’incendies… et von Zeppelin manque de peu de faire faillite.

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Le comte von Zeppelin

Mais à force de persévérance, et avec le soutien enthousiaste du public qui va jusqu’à soutenir financièrement le projet pour voir ces monstres s’élever dans les airs, von Zeppelin parvient à produire des dirigeables rigides plus fiables et capables de réaliser de nombreux vols. Avant 1914, le comte a ainsi deux clients : les premiers pionniers du transport aérien qui voient dans l’appareil un moyen intéressant de faire voyager des passagers, et l’armée pour qui ces appareils solides et capables de voler rapidement et à une bonne altitude pourraient servir à la reconnaissance.

Lorsque la guerre éclate, les zeppelins sont donc envoyés en mission. Mais s’ils se révèlent efficaces dans la surveillance maritime, ils sont très décevants pour bombarder, puisque déployés durant les premières journées d’août 1914, ils sont endommagés ou abattus par l’ennemi. Cependant, l’état-major allemand n’abandonne pas l’idée de s’en servir de bombardiers. Pour eux, le zeppelin n’a que des avantages comparés aux avions. Il peut voler plus loin, transporter bien plus de bombes, est plus résistant et a quantité d’armes pour se défendre.

Si les zeppelins ne se risquent guère plus sur le front, leur disparition ainsi que les informations faisant état de la construction de hangars blindés par les Allemands dans les territoires occupés font naître les rumeurs les plus folles. Les services de renseignement, les journaux et la population sont pris d’une véritable « fièvre zeppelin » : où vont-ils frapper et quand ? À Paris, les journaux font intervenir quantité d’experts qui se contredisent les uns les autres sur la possibilité d’une attaque de zeppelins sur la capitale. Et la population guette avec impatience le survol de la ville par ces monstres, véritable spectacle.

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Le zeppelin LZ38 en vol

Mais les Allemands ont d’autres plans, à commencer par bombarder l’Angleterre.

Leur objectif est de s’attaquer aux civils pour créer la panique directement sur le sol anglais, entamer le moral des troupes britanniques en montrant que leur foyer n’est pas à l’abri, et obliger l’Angleterre à quitter le conflit ou à revoir toute sa stratégie. Les appareils sont déployés de nuit pour éviter les tirs, contrairement à ce qui avait été effectué au début du conflit. Et frappent pour la première fois le sol britannique au soir du 19 janvier 1915.

C’est la naissance d’une autre guerre : une guerre qui vise spécifiquement les civils, une guerre qui s’installe dans les villes à l’arrière du front. Systèmes d’alertes, projecteurs et canons anti-aériens sont donc peu à peu introduits alors que les zeppelins perdent leur statut de curiosité attendue pour devenir la « terreur zeppelin ».

On termine donc avec une vidéo d’époque où l’on peut voir des britanniques, civils comme militaires, venir voir les dégâts causés par un raid nocturne.

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