En août 1914, les forces armées canadiennes sont relativement peu nombreuses.
Le Canada dispose en effet d’une force armée permanente, mais celle-ci n’est évaluée qu’à 3 100 hommes. À titre de comparaison, c’est l’équivalent d’un seul régiment Français comme peut l’être le 24e d’infanterie d’Antoine. Le pays disposait aussi d’une milice de 55 000 hommes, mais non-mobilisables. Dès les premiers jours de la guerre en Europe, le Canada se prépare donc à venir en aide à la couronne britannique et ordonne non seulement la mobilisation, mais prépare un contingent de 25 000 hommes.
À l’époque, la province francophone de Québec représente environ 25% de la population du Canada. Et les tensions entre francophones et anglophones sont là. Pour beaucoup, l’injustice est que les officiers de l’armée canadienne sont dans la quasi-totalité des anglophones, ce qui ne représente pas la réalité du pays. Si des francophones partent avec les premiers navires, comme nombre d’hommes des Voltigeurs de Québec, unité francophone historique spécialisée dans les combats d’escarmouche et le harcèlement de l’ennemi, des décisions politiques malheureuses amènent tous les officiers francophones à être écartés des postes supérieurs de la 1ère division qui part pour l’Europe.

Au sein du corps expéditionnaire, les Canadiens Français s’organisent donc et parviennent à former deux compagnies exclusivement francophones. Qui vont donner l’exemple !
Car si certains profitent du conflit pour exacerber les tensions culturelles au Canada en accusant les francophones de se soustraire à l’effort de guerre, nombre de personnalités de la province de Québec, soutenues par les officiers rejetés des postes de commandement de la 1ère division, décident de demander au gouvernement la création d’un régiment Canadien Français. Le recrutement commence avant même que l’idée ne soit officiellement acceptée, et en octobre 1914 naît le 22e régiment Canadien Français.
Dès lors, la Première Guerre mondiale devient l’occasion pour les francophones de montrer, comme le racontent certains soldats, « qu’ils valent au moins autant, si ce n’est plus, que leurs équivalents anglophones« .
La propagande dans les affiches de recrutement va donc jouer sur ces questions pour inciter les Canadiens Français à rejoindre le combat, que ce soit au sein du « 22 » ou d’autres unités francophones composées au sein de régiments anglophones. L’idée est toujours la même : la France est la « mère-patrie » et il est du devoir de tout bon Québecois de se porter à son secours.




Les Canadiens Français montreront bien vite leur valeur sur le front, non seulement en se distinguant au feu, mais aussi en s’avérant être d’excellents interprètes entre les troupes canadiennes anglophones et la population française.
Et pour le reste… hé bien, ce sera à Joseph-Louis Boisvert de le découvrir par lui-même !