Zoom sur : la guerre sous-marine

Le sous-marin est une véritable révolution durant la première guerre mondiale.

Si depuis plusieurs siècles, nombreux sont les inventeurs à avoir étudié et conçu de petits modèles d’appareils sous-marins, l’idée de s’en servir d’arme n’apparaît que tardivement. Il faut ainsi attendre la guerre de Sécession américaine pour voir apparaître l’idée d’un submersible à vocation militaire. Car à cette époque, les Etats du Nord imposent un blocus aux Etats du Sud. Et ces derniers, pour le briser, développent un appareil capable de naviguer sous la surface et de poser une charge explosive sur la coque d’un navire ennemi. Après des essais difficiles, le sous-marin CSS H.L Hunley est achevé et lancé en 1864 où il n’obtiendra qu’une seule victoire : couler le USS Housatonic avant de sombrer à son tour.

hunley-in-lab
L’épave du CSS H.L Hunley en cours de restauration après sa récupération en 2000, 136 ans après son naufrage.

L’idée est cependant retenue par tous les observateurs : le sous-marin est un appareil capable de s’approcher discrètement d’une cible, sur lequel on ne peut tirer avec les canons conventionnels puisque sous l’eau, et qui peut donc infliger des dégâts pourvu qu’il soit armé en conséquence. L’invention de la torpille règle cette dernière question, ce qui évite de devoir répéter la manœuvre dangereuse du CSS H.L Hunley pour poser sa charge.

Peu à peu, le concept se développe, et un autre problème va être résolu : celui de la propulsion.

Il faut ainsi attendre 1904, soit à peine 10 ans avant le début de la guerre, pour qu’un ingénieur français, Maxime Laubœuf, conçoive les premiers modèles de sous-marin à propulsion mixte : une machine à vapeur (comme nombre de navires à l’époque) pour naviguer en surface, et une propulsion électrique pour naviguer sous l’eau, car une fois immergé, impossible d’évacuer la fumée d’une propulsion classique ! Le moteur diesel remplace rapidement la machine à vapeur, mais le principe reste le même : propulsion diesel en surface, propulsion électrique sous l’eau.

Le sous-marin tel que l’imaginaire populaire le conçoit est né.

Si la plupart des flottes modernes s’équipent en sous-marins, l’appareil est souvent considéré comme un gadget plutôt qu’une véritable arme.

L’Allemagne, elle, a une stratégie toute autre.

En cas de guerre, elle craint que sa flotte de surface ne suffise pas à repousser les Anglais. Ce en quoi elle a raison ! Or, si la flotte anglaise parvient à former un blocus sur l’Allemagne… quel navire serait capable de le percer ?

Et bien que sous l’eau depuis 50 ans, le CSS H.L Hunley revient dans les esprits. N’était-ce pas l’arme conçue face à une situation de blocus ?

Les Allemands prennent donc leurs précautions en construisant une flotte de sous-marins capables de s’attaquer à une force supérieure sans courir de risques. L’erreur des Anglais de sous-estimer les sous-marins va leur coûter cher : le 22 septembre 1914, le sous-marin allemand U-9 repère un croiseur britannique, qu’il coule. Deux autres croiseurs se présentent pour secourir les naufragés du premier : le U-9 les attend et les coule l’un après l’autre. En une seule journée, la marine britannique perd 3 croiseurs et près de 1 400 hommes par la seule faute d’un « gadget ».

2503.52984.large
Une carte postale de propagande allemande glorifiant la journée du 22 septembre 1914 et l’équipage du U-9.

Mais les sous-marins ont une faiblesse : ils sont lents.

En dehors de rares occasions comme celles du 22 septembre 1914, il est difficile pour eux de s’en prendre aux navires de guerre, trop rapides. Les navires corsaires que l’Allemagne avait envoyés s’attaquer aux ravitaillements des alliés ayant été coulés, il est décidé que ce sera aux sous-marins de poursuivre la « guerre de course » contre les navires civils pour affaiblir l’ennemi.

Au début de la guerre, les capitaines de sous-marins ne torpillent que très peu les navires commerciaux. Ils préfèrent faire surface, menacer le navire de leur canon, et ordonner sa reddition. L’équipage commercial part donc rejoindre les canots, alors que le navire est coulé par le sous-marin sans utiliser de torpille.

Mais peu à peu, les équipages commerciaux réagissent vite et signalent par radio le moindre signe de sous-marin allemand. Ces derniers sont donc à la merci d’un navire de guerre qui croiserait non loin et les coulerait au canon avant qu’ils n’aient le temps de plonger, ou d’un hydravion qui les bombarderait. Peu à peu, les sous-marins utilisent donc leurs torpilles pour minimiser les risques.

Et comme nous l’avons vu dans l’épisode d’hier, au lieu de simplement attaquer les navires civils des pays engagés dans le conflit, les Allemands vont débuter une guerre contre les navires civils neutres qui risqueraient de ravitailler leurs ennemis…

Pour l’anecdote, en février 1915, L’Intransigeant interroge un amiral français pour lui demander ce qu’il recommande aux capitaines de navires commerciaux en cas d’attaque imminente de sous-marins.

Sa réponse est simple : puisqu’il n’y a guère de solution, il faut repérer le périscope, et foncer droit dessus pour l’éperonner.

Il faudra attendre la suite de la guerre pour que l’on invente peu à peu de véritables moyens de contre-attaquer face à la menace sous-marine.

Mais cela… nous en reparlerons !

On se sépare avec ces quelques images de sous-marins de la Première Guerre mondiale, ici des appareils américains qui partent pour le large en 1917.

%d blogueurs aiment cette page :