Durant la guerre, l’école se poursuit.
Si comme nous l’avons vu lundi, à Reims, c’est dans les caves qu’elle a lieu pour protéger les enfants des bombardements, il n’y a pas que le lieu d’enseignement qui change. Le contenu des cours eux-mêmes est profondément affecté par la guerre.
Avant 1914, l’école met déjà en avant l’importance du patriotisme et l’importance de servir la France qui un jour, reprendra ses droits sur les territoires perdus d’Alsace et de Lorraine. Mais lorsque la guerre éclate, tout change : il ne s’agit plus d’évoquer le conflit au futur, mais bien d’en parler au présent. Comment faire ?
On attend des enfants plusieurs choses.
D’abord, encore et toujours, qu’ils soient patriotes. Nombre d’entre eux ont leur père ou leur frère sur le front, et il est donc essentiel de s’assurer qu’ils gardent un bon moral et soutiennent celui de leur famille engagée dans le conflit. La guerre n’est donc pas passée sous silence, bien au contraire ! Elle est le sujet de dictées, d’exercices et de leçons, mais toujours idéalisées. On y parle du « Boche » qui vient s’attaquer au Français et menace son foyer, mais qui finit toujours par être repoussé par le poilu . Les blessés sont glorifiés, les morts plus encore.

Ensuite, on forme de futurs soldats. Difficile de glorifier la guerre sans appeler les enfants à la soutenir tant qu’ils le peuvent. Les écoles, comme la presse, glorifient les enfants soldats, ces jeunes tantôt engagés avec de faux papiers pour partir à la guerre, tantôt « adoptés » par des régiments après avoir perdu leurs parents et dans lesquels ils servent à transporter le ravitaillement, faire passer les messages, ou tout simplement, en sont les mascottes.

Par ailleurs, les enfants sont aussi une fenêtre vers leurs familles. On les cible ainsi pour faire passer des messages qu’ils doivent répéter dans leurs foyers. L’importance de l’engagement, la chasse au « planqué », mais aussi et surtout, le soutien financier à l’effort de guerre. La propagande ne manque pas d’idées pour toucher les plus jeunes afin qu’ils insistent pour que leurs parents donnent à l’état.

Enfin, on attend des enfants qu’ils remplacent les hommes partis au front. Les petits garçons sont invités à aider aux champs alors que les petites filles sont encouragées à participer aux travaux domestiques.
Nombre d’exercices consistent à raconter la guerre, et à l’instituteur le soin de « corriger » certains propos.
Mais désormais, toute l’école tourne autour de la guerre.
Jusqu’à l’illustration de la punition scolaire :
Mais comme on peut l’imaginer, une telle éducation dans toute la France et son empire durant quatre ans ne sera pas sans laisser de traces…
… et ne sera pas du goût de tous les combattants lorsqu’ils découvriront ce que l’on enseigne à leurs enfants au sujet du front.