Zoom sur : les alertes aériennes

En 1914, les avions ne représentent pas encore une menace dans les esprits.

Rarement armés durant les premières semaines de la guerre, ils n’emportent tout au mieux que quelques grenades ou bombes qu’ils larguent avant de s’enfuir sans causer de grands dégâts. Ainsi, ils provoquent plus de curiosité que de peur, et avec l’apparition des premiers Taube allemands au-dessus de Paris à la fin de l’été 1914, on voit prospérer un commerce de jumelles et de chaises-longues pour permettre aux parisiens de guetter et d’observer les appareils ennemis au lieu de s’abriter…

De fait, la sirène d’alerte que les Français connaissent bien aujourd’hui (celle qui sonne sur les bâtiments publics le premier mercredi de chaque mois) n’existe pas encore ! On signale donc l’approche d’appareils ennemis comme on le peut : cloches, klaxons, appels…

L’arrivée des zeppelins va tout bouleverser.

L’Illustration du 27 mars 1915 présente bien évidemment le fameux raid de la semaine précédente sur Paris.

Désormais, d’énormes appareils viennent bombarder les populations, qu’il faut avertir de manière efficace pour leur permettre de s’abriter. Dès qu’ils sont repérés, les observateurs doivent avertir les autorités au plus vite et si possible, estimer la direction prise par l’ennemi pour deviner sa destination.

Les pompiers ont alors mission de foncer dans les rues et de jouer du clairon pour avertir du raid qui approche. Et toutes les lumières sont éteintes pour compliquer le bombardement ennemi. Les cloches sonnent le tocsin lorsque cela est possible, et certaines usines font donner de leur sirène pour prévenir le voisinage.

Oui mais voilà : d’autres questions se posent !

Une photographie prise lors d’un raid nocturne sur Paris : la lumière provient des incendies déclenchés par les bombes, et on peut clairement observer les explosions et les obus éclairants qui traversent le ciel.

 

Comment avertir de la fin d’un raid, pour que la population puisse reprendre au plus vite son activité ? Jour après jour, les solutions se dessinent : les pompiers doivent jouer au clairon le Garde à vous pour avertir d’un raid, et La Breloque  pour signifier que tout danger est écarté. Mais à nouveau, des problèmes se posent  ! Tous les pompiers ne sont pas musiciens, et quand bien même, jouer du clairon à bord d’une voiture qui file dans des rues pavées n’est pas chose facile.

La presse propose donc les partitions de chaque morceau, pour que les civils puissent reconnaître, à défaut de l’air, les notes qui signalent un raid de celles qui en indiquent la fin !

Ce système, basé sur la débrouille et la possibilité des pompiers de couvrir à temps des quartiers entiers, donnera par la suite naissance au premier outil capable d’avertir une ville entière d’un danger imminent : la sirène… dont le son lugubre est devenu indisociable par la suite des raids sur Londres d’une autre guerre : celle de 1940.

Mais qui n’apparaîtra pas avant… hé bien, on risque d’en reparler plus tard !

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