Zoom sur : l’aube de la chasse aérienne

La Première Guerre mondiale amène avec elle cette nouveauté qu’est la guerre aérienne.

Après la guerre sous-marine, voilà que l’on se bat dans « l’espace« , terme employé par les journaux de l’époque pour désigner les airs. Là encore, les différentes armées n’en sont qu’aux balbutiements. Comment employer l’avion, cet appareil trop léger pour être correctement armé et relativement fragile ?

AlbatrosTaube1914
Un Taube, avion allemand symbolique de la guerre aérienne au début du conflit.

La reconnaissance paraît être la mission la plus logique. En effet, auparavant, cette mission revenait à la cavalerie. Mais dans une guerre où les mitrailleuses pullulent et où la puissance de feu dépasse l’entendement, les chevaux disparaissent rapidement de l’avant des combats. L’avion les remplace donc avantageusement, permettant de se faufiler, d’observer les mouvements des troupes ennemies et d’identifier des faiblesses dans les défenses. Plusieurs avions ramèneront ainsi des informations cruciales qui changeront le cours de la guerre, les états-majors redéfinissant leurs stratégies à partir de ces renseignements.

Seulement voilà : à force de se croiser dans le ciel, les avions jusqu’ici peu ou pas armés pour s’affronter commencent à s’équiper. Être les yeux de l’armée ne suffit plus : il faut aveugler l’ennemi.

Dans un premier temps, on embarque des armes de fortune : pistolets, briques, cordes à enrouler dans l’hélice ennemie… mais très vite, les équipages emmènent des fusils, puis des mitrailleuses lorsqu’ils le peuvent.

Oui mais… tirer depuis un avion n’est pas simple ! Car, entre autres, l’hélice gène… or, tirer vers l’avant est bien plus facile qu’en faisant des virages !

Plusieurs solutions sont donc envisagées.

Tout d’abord, la création d’appareils, comme celui piloté par Émilien, où l’hélice est « propulsive », à l’arrière de l’avion ! Une nacelle située à l’avant permet donc de tirer sans s’inquiéter. L’appareil est cependant moins maniable dans une telle configuration.

32-Farman_MF11-2
Un Farman MF 11 et son poste de tir à l’avant

Et alors qu’Émilien pilote un de ces appareils, au même moment, un pilote répondant au nom de Roland Garros essaie sur le front une autre solution qu’il a mise au point depuis plusieurs mois : l’hélice blindée. Le principe est simple : en positionnant des réflecteurs blindés sur l’hélice, celle-ci est protégée des balles, et dévie celles qui auraient dû la toucher tout en laissant passer les autres.

Bien sûr, la méthode est loin d’être parfaite : nombre de balles sont « perdues », et surtout, le pilote doit baisser la tête lorsqu’il tire, car une balle peut aussi être renvoyée dans sa propre direction…

Malgré tout, la méthode est efficace : Roland Garros peut piloter et tirer depuis son avion en étant seul à bord, et durant la première quinzaine d’avril 1915, va abattre 3 appareils ennemis, soit autant à lui seul que tout le reste des avions alliés depuis le début de la guerre.

L’aire de l’avion de chasse monoplace tirant vers l’avant, qui va déterminer les règles du combat aérien pour des dizaines d’années, commence…

Et histoire de se quitter en vidéo, un bref aperçu d’appareils à hélice propulsive en attente de décollage.

%d blogueurs aiment cette page :