Cette semaine, Fernand Perrier a assisté au départ de la classe 1916.
Mais d’abord… qu’est-ce qu’une classe ? Hé bien, c’est tout simplement l’ensemble des jeunes gens supposés faire leur service militaire l’année en question ! À savoir, l’année de leurs vingt ans. Depuis 1905, le service militaire avait une durée de deux ans. Ce qui est la durée de celui effectué par Jules, Antoine et Lucien. Le service militaire est en effet considéré par la République comme le meilleur outil pour garantir la défense du pays, et de par son principe universel, en accord avec l’égalité républicaine.
Seulement voilà : la France a les yeux tournés vers l’Allemagne depuis bien avant le conflit. La défaite de 1870 n’a jamais été acceptée. Et si une guerre vient à éclater, l’ennemi est déjà connu. Aussi, alors que la natalité baisse en France et que des rumeurs laissent entendre que l’armée allemande serait plus grande que jamais, le gouvernement décide de passer le service militaire à trois ans. C’est la « loi des trois ans », qui fait beaucoup parler d’elle… jusqu’à ce que la guerre éclate.

La mémoire collective a gardé l’image de la mobilisation générale.
Mais d’autres mobilisations vont suivre ! Car si cette première a appelé toutes les classes, de 1887 à 1910, à chaque fois qu’une classe arrive en âge d’être appelée, de nouvelles affichettes couvrent les rues, les jeunes hommes partent se faire recenser, puis encombrent les gares pour rejoindre leurs casernes avant de partir au front. Et avec la guerre, il n’y a plus de fin au service militaire…
Moins connus, ces appels de classe n’en sont pas moins aussi douloureux, car pour les familles, c’est le départ d’un fils pour les tranchées, avec pour seule chance de retour, la fin du conflit. Ce qui provoque aussi une augmentation du nombre de resquilleurs. Car certains n’ont pas envie d’aller tuer ou d’être tués ! Aussi, lorsque leurs vingtième année approche et avec elle l’âge de l’appel, ils disparaissent, tentent de trouver moyen d’être déclarés inaptes, bref, essaient par tous les moyens d’y échapper…

Plus encore lorsque la guerre provoque l’avancement de l’intégration des différentes classes pour renforcer le front et remplacer les pertes.
- La classe 1915 est ainsi appelée (début des opérations de recensement) le 15 décembre 1914.
- La classe 1916 le 8 avril 1915.
- La classe 1917 le 7 janvier 1916. La plupart n’ont alors que dix-huit ans.
- La classe 1918 le 16 avril 1917.
- La classe 1919 le 15 avril 1918.
La classe la moins chanceuse de toutes en termes de temps passé au front sera… la classe 1911. Qui a débuté son service le 1er octobre 1912. En théorie, elle devait rentrer chez elle le 1er octobre 1914, après deux années de service. Mais deux mois avant la « quille », la guerre éclate.

Ses membres passeront 6 ans, 10 mois et 22 jours dans l’armée.
Une partie n’en verra jamais la fin.